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La mise en danger de nos associations et ses combats pour les années à venir

Alors que les politiques managériales pèsent sur le secteur associatif depuis une bonne dizaine d’années, en particulier le secteur de la coopération au développement¹, il est un maître-mot néo-libéral qui vient s’ajouter aux conditions déjà précaires et difficiles des travailleureuses des secteurs socio-culturels en Belgique : l’austérité !

Tandis que nous étions déjà soumis aux exigences de l’efficacité et l’efficience² dans des domaines pour lesquels la qualité prime sur la quantité, le gouvernement belge vient marteler à nos oreilles un mantra supplémentaire : Il faut “prioriser”, “rentabiliser”, “repenser l’impact”, “se recentrer.” De doux euphémismes pour nous dire : “il faut couper ! ”.

La pensée du gouvernement Arizona s’immisce insidieusement dans nos corps et nos esprits et nous permet progressivement d’entendre l’inacceptable³.

Les coupes budgétaires ont bon dos pour justifier des choix politiques incarnant une vision producériste de la société, vision selon laquelle les travailleureuses sociaux sont des “parasites” de la société dont il vaut mieux se débarrasser. Simple réduction de nos vies de citoyen·ne·s à celle de travailleureuses et consommateurices, ces discours réactionnaires, visant à imposer une hégémonie culturelle⁵, placent au centre de leur mode de pensée la valeur du travail. Pourtant, nos corps ne sont pas que des outils de travail contrôlés et dominés par un système capitaliste, raciste et sexiste. Nos corps sont aussi des lieux de réparation, de mouvement, de soin, de luttes, de joie, des lieux de sens et de liens… Ce sont d’ailleurs toutes les facettes de nos corps que nous souhaitons explorer dans notre parcours « Corps en résistance ».

Dans ce contexte, les attaques sur le secteur associatif proviennent de toute part, gouvernements régionaux et fédéraux. Nos associations doivent faire face à une pléthore de décisions qui leur retireront progressivement tout moyen de subsistance : non-indexation des subventions, des coupes conséquentes, voire la fin de financements⁷, la dissolution arbitraire des organisations jugées comme radicales⁸, les restrictions des aides à l’emploi⁹, les violences d’état lors de manifestations¹⁰ et tout signe de désapprobation des politiques en place.

Ce que nous observons actuellement en Belgique¹¹ est la représentation d’une répression globale à laquelle sont confronté·e·s violemment nombreux·ses de nos partenaires associatifs internationaux qui luttent et défendent les droits du vivant, les droits de tous et toutes. Comme nous l’alarmions en mai dernier, avec le cas de PDG.

C’est aussi le symptôme d’une culture politique délétère où le débat démocratique n’a plus lieu que sous des dialogues clivants, des avis polarisants ainsi que le mépris de l’opinion discordante. Le contre-pouvoir n’a plus voix au chapitre, toute contre-culture est reléguée au rang de parole illégitime.

Face à ces constats, plus que jamais, il est temps de laisser la place au dialogue, à l’écoute, à la pensée critique, à la citoyenneté, à la jeunesse, à la culture, à la diversité… Mais ce n’est pas à l’agenda. Que du contraire ! Alors que le gouvernement opère des coupes dans les espaces qui offrent des perspectives d’émancipation et de solidarité, il consacre en parallèle des milliards d’euros au renforcement de l’armée et à un service militaire rémunéré. Une contradiction qui sacrifie l’investissement social au profit de la militarisation de la jeunesse.¹²

Plus concrètement, chez Quinoa, nous devons repenser l’avenir de notre structure car nos sources de subsistance sont mises à mal :

  • En tant qu’ONG, nous ferons face dès 2027 à une coupe d’environ 25% du budget actuel¹³. Cela signifie que nous devrons revoir nos activités et adapter ce que nous proposons à nos publics car la taille de l’équipe sera diminuée.
  • En tant qu’Organisation de Jeunesse, dès 2027, nous devrons mettre fin à notre partenariat de détachement pédagogique, envisager des restrictions budgétaires et probablement des diminutions d’emploi. L’ampleur des dommages sur nos activités et nos publics n’est pas encore clairement identifiée à ce stade.

Il est à présent évident que le Quinoa de demain ne sera pas celui d’aujourd’hui. Il faudra qu’on s’adapte, qu’on module, qu’on repense, qu’on répare, qu’on repanse… Il faudra qu’on continue à œuvrer à un monde plus juste, solidaire et durable tel que nous sommes nombreux·ses à le vouloir.

C’est la raison pour laquelle on va continuer, de manière collective, à penser, lutter, sensibiliser, informer, former, militer, réfléchir, animer et faciliter.  Puisque c’est ce que nous faisons de façon affirmée et délibérée depuis plus de 30 ans, avec vous, et qu’on ne compte pas s’arrêter là.

C’est aussi la raison pour laquelle nous serons en grève le mercredi 26 novembre, aux côtés des syndicats qui défendent les droits des travailleureuses ; aux côtés des travailleureuses du social, du soin, de l’éducation, de la culture, etc., qui œuvrent chaque jour à construire une société plus juste et solidaire ; aux côtés des personnes les plus vulnérables qui, une fois de plus sont menacées, par les mesures du gouvernement,… Rejoignez-nous !

Hélène Debaisieux, coordinatrice

GRÈVE NATIONALE

Dans la foulée de la manifestation historique du 14 octobre, la résistance face aux mesures du gouvernement Arizona continue et s’intensifie.

Au programme :

  • Dimanche 23/11 : manifestation féministe contre les violences basées sur le genre (départ à 14h de la Place Jean Jacobs, 1000 Bruxelles) 
  • Lundi 24/11 : grève dans les transports publics
  • Mardi 25/11 : grève dans les services publics
  • Mercredi 26/11 : grève nationale interprofessionnelle (> info sur la manifestation à venir) 

RÉFÉRENCES