Cas #2 · Le gang des viandeux

Extrait du dossier N° 15041994-123 – §§3: G.V.

 La viande est tout un symbole dans l’alimentation. Elle représente un met de luxe et de plus en plus de consommateurs désirent en retrouver dans leur assiette de façon régulière. Cependant, satisfaire cette demande n’est pas aisé car les animaux ont besoin de grands espaces de terre pour pâturer mais aussi et surtout pour la production des céréales qu’ils consomment. Par ailleurs, surproduction et surconsommation de viande ont bouleversé le rapport de l’homme à l’animal. Difficile encore de parler d’élevage lorsqu’on observe les conditions dans lesquelles sont traités les animaux. Ils sont devenus une marchandise industrielle comme une autre. Pour augmenter les profits, l’industrie alimentaire a recours à toutes sortes de techniques qui provoquent chroniquement scandales alimentaires et sanitaires. Les hormones et les antibiotiques injectées au bétail se retrouvent dans nos assiettes. De surcroît, la proportion croissante de viande dans l’alimentation provoque obésité et maladies cardio-vasculaires. Côté environnemental, le bétail se retrouve régulièrement pointé du doigt lorsqu’on aborde les causes du réchauffement climatique et de la dégradation des eaux, des sols et des forêts.

 

Nous, collectif de citoyen·nes, déposons plainte contre le Gang des Viandeux. Nous l’accusons de détourner de la nourriture pour sa propre consommation et ce, en très grande quantité. Nous craignons également qu’il soit à l’origine de déversements massifs de substances polluantes dans nos sols. Enfin, nous le soupçonnons d’être impliqué dans un vaste trafic de médicaments et d’hormones. Il est donc grand temps que ces comportements soient reconnus comme nocifs et soient enfin punis car ils violent le droit à l’alimentation, à l’environnement et au développement des peuples! Derrière ce gang, c’est tout un système de production, de croyances et de pouvoir, voué à l’impasse, que nous dénonçons !

les plaignant·e·s

Les chefs d'accusation

Le Gang des Viandeux est soupçonné d’être impliqué dans :

– L’accaparement des terres des paysans du Sud et de la perte de leur emploi;

– L’accaparement de grandes quantités d’eau potable;

– La création de famines chroniques en détournant massivement des calories céréalières qui pourraient servir à l’alimentation humaine. Il faut, en effet, 3 à 10 calories sous forme céréalière pour produire 1 calorie sous forme de viande;

– Le réchauffement climatique à cause de la déforestation nécessaire pour cultiver les céréales essentielles à leur croissance;

– Le réchauffement climatique à cause du méthane qu’ils émettent;

– Le réchauffement climatique en étant produits massivement à des milliers de kilomètres des lieux de consommation;

– La multiplication des cas de cancers, de diabètes et de tolérances aux antibiotiques à cause des hormones et OGM dont ils se nourrissent.

Les arguments de la défense

Même si il est soupçonné de tous ces chefs d’accusation (qui restent encore à prouver), le Gang des Viandeux bénéficie de sérieuses circonstances atténuantes qui permettront certainement de le faire acquitter.

– Les pays du Sud ont un avantage comparatif à investir dans l’élevage intensif grâce à leurs grandes étendues de terres;

L’Europe n’a pas d’espace agricole suffisant pour produire la viande que ses citoyen·ne·s consomment;

– L’élevage intensif et le commerce de la viande permettent aux pays du Sud de développer leur économie et de se faire une place sur le marché international;

– Le commerce international de la viande permet aux pays du Sud, d’obtenir les devises nécessaires au remboursement de leur dette publique extérieure;

– De plus en plus de consommateur·trice·s des pays émergents désirent manger de la viande et il faut être productif pour arriver à satisfaire cette demande;

– L’usage d’hormones et d’OGM dans l’alimentation des animaux ne présentent aucun risque avéré pour la santé des consommateurs.

– Les graines utilisées pour la produire ont été sélectionnées pour donner de meilleurs rendements, ce qui permet de répondre à l’augmentation croissante des besoins alimentaires (9 milliards en 2050), et pour les rendre plus résistantes au transport;

Rien ne prouve qu’elle soit directement en cause (du moins pas à elle seule) dans tous ces problèmes de santé publique ou de réchauffement climatique;

 

Les principales thématiques du procès qui peuvent servir de pistes pour le débat

Après le verdict des juré·e·s, il est indispensable de bien marquer la clôture du jeu de rôle. En outre, avant de se lancer dans un débat, il est important de prendre un peu de temps pour permettre aux participant-e-s d’exprimer leurs ressentis (comment ont-ils vécu la mise en situation ou l’argumentation, parfois sur base d’idées qu’ils ne partageaient pas…).

Un grand nombre des thématiques listées ci-dessous auront probablement été abordées durant la séance du tribunal. Il est utile d’en débattre afin que chaque participant-e puisse partager ses opinions et avancer ses propres arguments. L’objectif est de leur permettre d’avoir un regard critique sur les deux visions du monde explorées lors du procès, ainsi que les valeurs et logiques qui les sous-tendent.

– Surconsommation de viande et enjeux sanitaires;

– Famines, malnutrition & émeutes de la faim;

– Monoculture de soja et déforestation;

– Pollution & Réchauffement climatique;

– Poids des firmes pharmaceutiques;

– Spéculation sur les marchés agricoles;

– Sélection et perte de biodiversité;

– Rapport à l’animal (conditions d’élevage…);