Cas #1 · L’abominable courgette

Extrait du dossier N° 15041994-123 – §§1: A.C.M.

« Vivez comme vous voulez », des courgettes à bas prix toute l’année ! En observant les étals de supermarchés, on remarque assez vite que nos fruits et légumes proviennent des 4 coins du monde. Avec la libéralisation des marchés agricoles, les aliments voyagent de plus en plus sur de longues distances et les circuits se complexifient. Pas toujours facile de savoir d’où ils viennent exactement et dans quelles conditions ils sont produits. Or, satisfaire cette demande en fruits et légumes hors saison n’est pas sans incidence sur l’environnement ni sur les producteurs, que du contraire !

Dans un premier temps, il est conseillé de lire ensemble l’article d’introduction « Vers un nouvel équilibre alimentaire » de Daniel Cauchy afin de planter le décor de l’animation.

Nous, collectif de citoyen·ne·s, déposons plainte contre l’Abominable Courgette Masquée. Nous l’accusons de gaspiller de l’énergie avec ses longs voyages en avion. Nous l’accusons également de priver des milliers de personnes d’eau douce et d’être la cause de la disparition de milliers de paysan·e·s, au Nord comme au Sud. Enfin, sa dépendance à différentes substances pétrochimiques est inadmissible, elle crée des problèmes environnementaux et sanitaires importants. Cette abominable courgette ne devrait donc pas inonder le marché car elle viole le droit à l’alimentation, à l’environnement et au développement des peuples. Derrière le masque de cette courgette, c’est tout un système de production, de croyances et de pouvoir, voué à l’impasse, que nous dénonçons!

les plaignant·e·s

Les chefs d'accusation

L’A.C.M. est soupçonnée d’être impliquée dans :

– La disparition de milliers de paysans, au Nord comme au Sud;

– La perte de la biodiversité, via la sélection des semences;

– la disparition des abeilles via l’utilisation massive de pesticides;

– L’épuisement et la pollution des nappes phréatiques;

– La dégradation des sols et des terres arables via l’usage intensif d’engrais et de pesticides;

– Le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre (transports aériens et routiers, chauffage des serres, machines agricoles…);

– La déprédation des ressources énergétiques fossiles (pétrole, gaz…);

– La multiplication de problèmes sanitaires (augmentation des cancers chez les agriculteurs, baisse de la fertilité masculine, augmentation des allergies et des troubles respiratoires…);

– La manipulation de l’information : son bas prix cache le coût réel des dommages causés à l’environnement et aux hommes (notion d’externalités négatives : les coûts cachés);

– La mise en péril de la souveraineté alimentaire car elle est principalement destinée à l’exportation. De plus, le prix de vente (prix le plus bas du marché) ne couvre plus le coût de production et entraîne une paupérisation croissante des “petits“ agriculteurs.

Les documents à charge

Et puis bon, honnêtement, qui serait prêt·e à se nourrir exclusivement de choux et de navets tout l’hiver?

La défense

Les arguments de la défense

Même si elle est soupçonnée de tous ces chefs d’accusation (qui restent encore à prouver !), l’A.C.M. bénéficie de sérieuses circonstances atténuantes qui permettront certainement de la faire acquitter (voire de la blanchir complètement):

– Ses exportations permettent une augmentation du revenu des pays producteurs, ce qui stimule l’ensemble de l’économie et rapporte des devises pour le remboursement de leur dette publique extérieure;

– Sa production permet la création d’emplois au Sud (ouvriers agricoles, manoeuvres…);

– Elle satisfait la demande croissante des populations du Nord;

– Sa production en grande quantité permet de diminuer les coûts de production;

– Elle permet une alimentation variée et bon marché pour les consommateurs;

– Les graines utilisées pour la produire ont été sélectionnées pour donner de meilleurs rendements, ce qui permet de répondre à l’augmentation croissante des besoins alimentaires (9 milliards en 2050), et pour les rendre plus résistantes au transport;

Rien ne prouve qu’elle soit directement en cause (du moins pas à elle seule) dans tous ces problèmes de santé publique ou de réchauffement climatique;

 

Les documents à décharge

Les principales thématiques du procès qui peuvent servir de pistes pour le débat

Après le verdict des juré·e·s, il est indispensable de bien marquer la clôture du jeu de rôle. En outre, avant de se lancer dans un débat, il est important de prendre un peu de temps pour permettre aux participant-e-s d’exprimer leurs ressentis (comment ont-iels vécu la mise en situation ou l’argumentation, parfois sur base d’idées qu’iels ne partageaient pas…).

Un grand nombre des thématiques listées ci-dessous auront probablement été abordées durant la séance du tribunal. Il est utile d’en débattre afin que chaque participant-e puisse partager ses opinions et avancer ses propres arguments. L’objectif est de leur permettre d’avoir un regard critique sur les deux visions du monde explorées lors du procès, ainsi que les valeurs et logiques qui les sous-tendent.

Droit à l’alimentation et Souveraineté alimentaire vs. Sécurité alimentaire;

Modèles agricoles (agriculture industrielle vs. agroécologie);

Accès aux ressources (terre, eau, semences) et notion de biens communs;

Enjeux environnementaux et raréfication des ressources (pic pétrolier, pesticides…);

– Impact des politiques de libéralisation et le rôle des Institutions Financières Internationales (OMC, BMO, FMI);

Travail décent et disparition de la paysannerie sur tous les continents;