Caravane solidaire · pour la construction de la paix au Chiapas
Lancement de la “Mission Internationale d’Observation des Droits Humains 2023”
Du 24 novembre au 1er décembre, Quinoa, en tant que membre de la “Plateforme pour la Paix et les Droits Humains Mexique – Europe“, participe à un voyage d’observation internationale des droits humains au Mexique. L’invitation à entreprendre ce voyage nous a été envoyée par notre partenaire Frayba.
Plusieurs organisations mexicaines et européennes se réunissent pour la création d’une “caravane solidaire” nommée Comitiva. L’objectif est de créer un réseau de solidarité international et, aux travers de plusieurs rencontres et visites, dénoncer les violations des droits humains sur lesquels les associations locales ne peuvent travailler. En effet, certaines violations sont causées par des cartels, la répression est terriblement violente et ne peut pas être encaissée par ces associations (intimidations, criminalisations, arrestations extrajudiciaires, meurtres,…). C’est dans ce cadre que Quinoa, faisant partie de la délégation, intervient en tant qu’alliée pour attirer l’attention des médias sans impliquer les associations locales.
Découvre le programme ci-dessous !
Extrait du communiqué de presse “Misión de Observación de Derechos Humanos 2023”
“Dans cette initiative collective, nous nous rendrons à la Ville de Mexico, aux États de Morelos et de Chiapas, dans le but de partager et d’accompagner les efforts en faveur de la dignité, de la paix et des droits de l’homme déployés par les défenseurs des droits de l’homme, les organisations et les communautés du pays ; afin de mettre en lumière et d’apprendre de leur travail, contribuant autant que possible à ce que cette tâche cruciale ne soit pas associée à des violences à leur encontre.
Pendant notre séjour à Mexico, nous aurons l’opportunité de discuter du contexte des droits de l’homme avec des défenseurs de tout le pays, de promouvoir des espaces de dialogue avec les autorités fédérales, et surtout, de débattre de la protection des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes. Dans l’État de Morelos, nous visiterons la prison politique Kenia Hernández pour examiner les conditions dans lesquelles elle est arbitrairement privée de sa liberté et promouvoir sa libération ; nous découvrirons également divers efforts en faveur des droits de l’homme dans la région (Puebla, Morelos et Tlaxcala). Dans l’État de Chiapas, nous explorerons le contexte de la frontière sud avec le Centre des droits de l’homme Fray Matías de Córdova, rencontrerons des défenseurs des droits de l’homme injustement détenus, observerons des cas de “fabrication de coupables”, explorerons l’expérience de Familias Unidas Contra la Tortura et la situation des familles déplacées accompagnées par le Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de Las Casas, pour finir par une conférence de presse à Mexico.”
JOUR 1
À Mexico, toutes les organisations membres de la Comitiva se sont réunies aux côtés d’associations mexicaines et de défenseurs·euses des droits humains pour comprendre le contexte actuel.
Au programme : contexte général des violations des DH dans le pays, risques et défis pour les femmes défenseurs·euses, disparitions forcées, droits des peuples autochtones,… Un constat très dur toutefois accompagné de témoignages porteurs d’espoir avec le lancement de ce réseau de solidarité international.
« En termes de droits humain, il y a une véritable négligence institutionnelle et beaucoup d’obstacles contre les défenseurs des droits humain, mais il y a beaucoup de luttes, beaucoup de gens qui se dressent contre ce système. » – Victor Hugo Lopez
JOUR 2
Arrivée de la caravane au Chiapas, région particulièrement touchée par les violations des droits humains et avec une grande complicité de l’état. Exposer ces violations et défendre les droits humains est une activité à haut risque, souvent mortelle. Les organisations se sont donc réunies pour établir différentes stratégies dans leur travail de plaidoyer et de renforcement des collectifs et organisations actuelles.
Différents moments d’échanges avec un focus sur les tortures et privations arbitraires de liberté ainsi que sur les violences faites aux femmes. Rencontre avec Julia et Pascuala, deux défenseuses des droits humains, qui ont subi de terribles violences parce qu’elles se sont révoltées contre l’injustice de l’état.
« Les groupes armés ont brûlé ma maison parce qu’ils pensaient que j’étais là mais je n’y étais pas. Ils ont brûlé toutes mes affaires pour avoir demandé justice. Ils veulent me tuer, me battre, juste pour avoir demandé justice […] Nous n’avons pas d’autorité […] Que me reste-t-il d’autre que la lutte ? » – Pascuala
JOUR 3
Rencontre avec 5 détenus arbitraires, enfermés depuis mai 2022 dans la prison CERSS5 de San Cristobal de las Casas. Ils sont condamnés à 25 ans de prison, pour avoir défendu leur territoire des méga-projets et de la militarisation, malgré le fait que les preuves contre eux ne sont pas consistantes et qu’il s’agit d’un délit fabriqué.
Les défenseurs·euses des droits humains sont régulièrement accusé·e·s de crimes qu’iels n’ont pas commis. Au Chiapas on parle d’une réelle tendance à la “fabrication de coupables”. Ces injustices judiciaires affectent non seulement les détenu·e·s et leurs familles avec des conditions carcérales inhumaines et elles constituent également une attaque contre la communauté. Le gouvernement génère un état de choc et maintient un véritable mécanisme de répression en cherchant à réduire au silence celleux qui défendent leurs droits.
Les membres de la caravane solidaire ‘Comitiva’ ont participé à des interviews pour médiatiser cette injustice et pour promouvoir la libération et la protection des défenseurs·euses des droits humains.
JOUR 4
Arrivée à Tapachula, ville à la frontière du Guatemala par laquelle passent 97% des personnes migrantes qui arrivent au Mexique. Certains jours, plus de 5000 personnes passent cette frontière dans une situation de crise, de chaos et de déshumanisation totale.
Au programme de cette journée : contexte général sur la migration et les politiques migratoires au Mexique avec le Centro de Derechos Humanos Fray Matias. Rencontre avec une dizaine d’associations de terrains qui ont partagé la difficulté du travail de plaidoyer étant donné l’absence d’espace démocratique et de dialogue entre autorités et société civile sur cette thématique. La journée s’est clôturée avec une rencontre entre plusieurs organisations internationales et institutions qui travaillent sur ces thématiques.
En solidarité avec les personnes migrantes privées de leur liberté et de leur dignité. Pour une liberté de circulation et d’installation pour toustes.
JOUR 5
Toujours à Tapachula, visite de l’auberge Hospitalidad y Solidaridad qui accueille les personnes demandeurs·euses d’asile et fait le constat de pratiques migratoires bien différentes et injustes par rapport aux politiques migratoires en vigueur.
Rencontre avec 3 usager·e·s de l’auberge qui expriment la violence du système migratoire, dont Jafo, jeune de la communauté LGTBQIA+ qui a dû fuir son pays : « Le plus difficile, c’est la faim (…) Je me promenais avec un seul quetzal dans ma poche et maintenant que je suis arrivée ici, je l’ai gardé pour symboliser le fait qu’avec la foi et l’espoir, on peut tout obtenir. »
La journée s’est clôturée par une rencontre avec le “Centre publique du bien-être” qui appuie socialement et économiquement les personnes migrantes qui en font la demande. Les défenseurs·euses des droits des personnes migrantes sont également sujettes à des agressions encouragées et mises en œuvre par les forces armées.
Fin de la Caravane - Communiqué de presse
Les organisations membres de la Comitiva et de la Plateforme pour la Paix et les Droits Humains Mexique – Europe ont tenu une conférence de presse ce vendredi 1er décembre. Elles ont fait état de leurs observations, alertent sur les violations des droits humains au Mexique en appelant à la coopération et à des mesures décisives pour garantir la justice et la dignité.
Extrait du communiqué de presse “Misión Internacional documenta violaciones a Derechos Humanos en México”
“Reconnaissant les défis mondiaux en matière de protection et l’urgence d’une collaboration internationale et d’une solidarité entre les peuples pour mettre fin aux violations des droits de l’homme, la mission s’est rendue à Mexico et dans les États de Morelos, Tlaxcala, Puebla et Chiapas. L’objectif était d’apprendre, de documenter, de partager et de soutenir les efforts des défenseurs, des organisations et des communautés en faveur de la dignité, de la paix et des droits humains.
Au cours de la mission, les violations des droits humains subies par les femmes défenseuses, les communautés indigènes, les victimes de disparitions forcées et de déplacements, les personnes en situation de mobilité et les journalistes ont été documentées et dénoncées. La mission a également abordé les conséquences de la militarisation du pays et les violations liées à la mise en œuvre de mégaprojets.”